VivaTech 2017 : la confiance, pierre angulaire de la transformation numérique
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Du haut de leurs 120 centimètres, les robots pepper qui ont accueilli plus de 68 000 visiteurs sur le salon VivaTech ont fait forte impression. Pourtant, ni les robots, ni l’intelligence artificielle, ni la réalité virtuelle n’auront réussi à éclipser un sentiment simple mais essentiel à la transformation numérique : la confiance. La vraie star de cette seconde édition de VivaTech, c’est elle.
- La confiance des utilisateurs, obligatoire dans les nouvelles relations d’usage que les entreprises et leurs clients développent à l’ère de l’IoT et de de ses applications
- La confiance inter-entreprises, essentielle à l’avènement de la nation startup française, tant dans la croissance du nombre de startups que dans le développement de partenariats stratégiques entre grands groupes.
- La confiance, enfin, en matière de ressources humaines, vecteur de réussite des workforces du 21e siècle, dont le succès repose sur la sélection, l’intégration et la gestion de nouveaux talents issus des millenials.
La transformation numérique repose sur une relation de confiance entre les entreprises et leurs utilisateurs
« Le transport de personnes est un des secteurs dont la transaction exige le plus haut niveau de confiance avec ses clients » a décidé d’introduire Bryan Dove, CEO de SkyScanners, lors d’un panel consacré à la façon dont les technologies simplifient le secteur du voyage. Rien d’étonnant selon lui, puisque le voyage constitue l’échappée ultime de l’individu. A l’ère du Big Data et du prédictif, la confiance serait devenu un élément clé de succès des plateformes de réservation, pour peu qu’elles trouvent le bon équilibre entre la qualité de leurs prestations et des services fournis, et une certaine clarté dans la politique d’utilisation des données. Une des raisons pour laquelle l’analytique est si précieuse au secteur du tourisme selon Perter Verhoeven. Pour le Directeur Général EMEA de Booking.com, en reposant sur la donnée, l’analytique permet de faire émerger une culture de la confiance qui privilégie la transparence et la pertinence, en mettant de côté les aspects trop émotionnels.
Avoir confiance dans sa plateforme de réservation est une chose. Mais à l’ère de la voiture intelligente et de la rame connectée, nous avons déjà franchi un nouveau cap. Nous avons désormais relevé notre niveau de confiance à nos propres moyens de transport, capables de se déplacer ou d’identifier les possibles avaries sans presqu’aucune intervention humaine. Ce sont là deux innovations majeures présentées sur l’édition 2017 de VivaTech. La voiture connectée tout d’abord, avec le Cyber Valet Service développé issu du partenariat Cisco / Valéo. Ce service inédit équipe déjà douze millions de véhicules et leur permet de se garer de manière totalement autonome et sécurisée dans des parkings connectés. L’inauguration a réuni Jacques Aschenbroich, Président et CEO de Valeo et John Chambers, notre Executive Chairman, revenu constater les évolutions françaises en matière d’innovation pour la troisième fois en à peine deux ans.
L’occasion de rappeler que l’avenir de l’industrie, et du secteur automobile en particulier, repose d’abord sur sa capacité à anticiper les besoins futurs, pour structurer sa recherche d’innovation. Jacques Aschenbroich confie ainsi combien la maturité du marché chinois a compté afin de soutenir des avancées technologiques dont le périmètre avait un peu trop tendance à se limiter aux questions de sécurité ou de limitation de vitesse. Moins personnel comme transport mais tout aussi impactant, la SNCF a choisi de présenter comment l’innovation industrielle et la connectivité ont facilité l’émergence de nouveaux services comme la télé opération à distance des gares ou la rame connectée en Île-de-France. Dans ce dernier cas, la supervision se fait de manière automatique et à distance afin d’identifier les éventuelles futures défaillances et de les traiter avant qu’elles ne se produisent. Un train autonome reposant sur le télédiagnostic pour effectuer tests et essais d’une maintenance optimisée.
Si la confiance de ses clients et de ses utilisateurs est devenue cruciale, elle demande un certain temps pour s’acquérir. Et sur ce sujet spécifique, la transformation numérique n’a pas vocation à accélérer les choses. C’est en substance le message rappelé par John Chambers lors d’une masterclass délivrée devant les 32 startups du Lab Cisco. « Vos clients sont clés. Mais le fait que vous soyez une startup ne vous dispense pas des basiques. N’allez pas simplement présenter votre solution. Partagez avec vos clients, résolvez leurs problèmes et construisez une relation de confiance ».
La confiance, vecteur de réussite des partenariats stratégiques inter-entreprises
La confiance, clé du succès français en matière de transformation numérique, résulterait d’abord de la facilité avec lesquels nos entreprises ont appris à nouer des partenariats, qu’il s’agisse de startups ou de grands groupes. Car si la signature d’un partenariat repose d’abord sur le partage d’une stratégie et d’une vision commune, son succès dépend surtout des équipes et des personnes. A l’image du partenariat entre Cisco et Bouygues sur le smart building, ou avec Valeo sur le Cyber Valet Service. Dans ce dernier cas, c’est l’ouverture commune aux évolutions du marché et de la demande qui a conduit à la définition d’opportunités réalistes, à l’émergence d’un environnement conjoint d’innovation, et à une vision partagée sur la façon de collaborer avec nos écosystèmes de startups respectifs.
Pourtant, au-delà d’une vision commune souhaitable, le vrai succès d’un partenariat repose sur la confiance gagnée entre les dirigeants et le partage d’une culture similaire. Une confiance d’autant plus cruciale que rien ne doit ralentir le chemin de l’innovation, pas même les considérations légales. Jacques Aschenbroich et John Chambers s’amusant d’ailleurs assez malicieusement à rappeler que le partenariat entre Cisco et Valeo a été signé plusieurs mois après les premiers échanges et les premiers tests. « Ne le dites pas trop au département juridique » plaisante même ce dernier au détour d’un café. Un avis partagé par Yaëlle Leben, lors de sa keynote délivrée sur le stand du groupe Manpower. Selon notre Directrice des Ressources Humaines, si la co-innovation prend de plus en plus d’importance, c’est que tout le monde réussit à s’accorder sur quelques règles élémentaires. « Tout le monde travaille ensemble, à la même vitesse. Une démarche d’autant plus cruciale que les problématiques de départ ne sont pas définies trop précisément, mais qu’elles peuvent être dépassées dans le processus collaboratif ».
Une culture de la confiance retrouvée qui selon John Chambers, est à l’origine de la progression du nombre de partenariats entre entreprises et startups. « Avec 2 à 3 partenariats grands groupes / startups annoncés par jour, on se doute bien que tous ne survivront pas. Mais cela prouve que l’argent à court terme n’est pas le premier vecteur de considération. Il s’agit plutôt de partager nos intelligences respectives. » Fort de son expérience à la tête de Cisco, c’est en substance le message qu’a voulu délivré celui qui a fait du mentoring de startups son nouveau cheval de bataille. Selon notre Executive Chairman, si le dirigeant est, certes, garant d’une vision et d’une stratégie, il doit en parallèle construire et incarner la culture de son entreprise. « La culture d’entreprise est ce que je veux qu’elle soit ». Et d’exhorter la centaine de jeunes entrepreneurs présents dans la salle à se poser des questions simples : « Est-ce que vous récompensez vos équipes ? Êtes-vous certains que les cycles de promotion et que la mobilité interne tiennent compte du respect de cette culture ? »
Car la confiance acquise à l’extérieur ne survivra pas si une culture de la confiance n’est pas également déployée au sein même de l’entreprise. La confiance envers les équipes internes a été un des principaux vecteurs de création du programme social #CrazyTeam de la SNCF : un groupe twitter composés d’agents et de clients capable de relayer la meilleure information possible en temps réel. Auparavant, les incidents devaient remonter au centre opérationnel, être vérifiés, voire formatés pour se conformer à la charte linguistique, puis redescendaient pour communication aux usagers. Un processus beaucoup trop long que la SNCF a décidé de simplifier en faisant preuve d’un vrai lâcher-prise sur ses équipes et usagers. Dorénavant ce sont 13000 agents qui sont capables d’interagir en direct avec plus de 32 Millions d’usagers transiliens !
Pas de transformation numérique, sans confiance dans ses équipes internes
Dans cette transition, les Ressources Humaines ont évidemment un rôle clé à jouer. Qu’elle soit plus ou moins bien gérée – et/ou acceptée-, la mobilité traduit une véritable évolution des workplaces du 21ème siècle. La tendance est d’aller vers toujours plus d’agilité, vers moins de hiérarchie, et vers plus de collaboration ; et ce quel que soit le secteur ou ses modes de fonctionnement. Pour Amélie Barral, développeuse innovation chez ICADE, la gestion des ressources humaines est une vraie problématique à laquelle cette foncière, promoteur de bureaux, de logements et d’équipements publics souhaite répondre. “Lorsqu’une société déménage, la première chose à laquelle elle pense, c’est au mobilier. Le management arrive loin derrière. C’est pourquoi nous avons décidé de réaménager nos espaces, de réfléchir à notre management et à nos méthodes de travail pour pouvoir ensuite en faire profiter nos clients” Et plus l’environnement sera dynamique, plus cela demandera de la préparation et de l’organisation.
A voir : l’intervention de Yaelle Leben (Cisco) et Amélie Barral (ICADE) sur le stand Manpower
Un sujet qui a également passionné les startups en compétition sur le track « Office Building experience et optimization » de notre lab. Laburo a ainsi fait des travailleurs freelance son cœur de cible. « La plupart des freelances travaillent dans des espaces de coworking. Le challenge pour leur mandataire est de savoir identifier les bons talents, de les recruter, de les intégrer, et de mettre à leur disposition une expérience collaborative dans des espaces physiques » La startup lauréat Scanalytics a, elle, choisi de travailler sur le bâtiment intelligent. « Avec 87% de notre temps passé dans des bâtiments fermés, notre ambition est de permettre au bâtiment physique d’en savoir le plus possible sur ses occupants, afin qu’il puisse communiquer avec eux » Le bâtiment devenant une personne capable d’interagir, de nous rappeler de nous lever après une trop grande période d’inactivité ou d’indiquer les toilettes non disponibles. Pour ses gestionnaires, la capacité de programmer la température d’une pièce ou de remplir les espaces de ravitaillement en fonction du taux d’occupation.
Le bien être au sein de son espace de travail reste une considération prioritaire des jeunes talents arrivant sur le marché de l’emploi. Mais la diversité en constitue une seconde. A l’instar de The Camp qui regroupe des talents d’horizons différents, ICADE confirme ouvrir son recrutement à de nouveaux profils dont la diversité permet de soutenir ses projets d’innovation. Ingénieurs se mêlent aujourd’hui à des profils issus d’école de commerce ou de design. Les mentalités et les façons de penser se mélangent et permettent de dépasser certaines postures historiques. Une diversité renforcée par l’arrivée des premiers millennials qui n’hésitent plus à faire part de leurs attentes et à réclamer des espaces de travail facilitant l’échange. “Le management “Top/Down” connaît ses limites, et tout changement doit dorénavant inclure le middle management. Un middle management qui s’attend à être accompagné et aidé dans son quotidien” concluera Amélie Barral. Pour faciliter la montée en compétence et accompagner leurs besoins de formation, les entreprises n’hésitent d’ailleurs plus à faire appel à la réalité virtuelle ou aux outils de collaboration dont le périmètre s’étend dorénavant bien au-delà des salles de réunions. C’est ce qu’aime à rappeler Florian Pons, CEO de Jungle VR, société spécialisée dans la réalité virtuelle à destination des Ressources Humaines : « La réalité virtuelle joue un rôle dans l’intégration et la formation des jeunes talents. Dans la maintenance prédictive ou dans la sécurité incendie, plus besoin de s’immerger dans des espaces dangereux ou lointains, les RH sont aujourd’hui capables de faciliter la montée en compétence de leurs jeunes managers sans danger »
Si la diversité est vectrice d’innovation, la confiance va bien au-delà. Il s’agit pour les entreprises d’accepter de s’ouvrir aux suggestions et aux idées de tous les talents internes. « Chez Cisco, nous fonctionnons beaucoup par Hackaton, quel que soit le secteur ». Une situation gagnant-gagnant selon Yaëlle Leben pour des salariés qui trouvent un épanouissement à travailler sur des sujets différents de leur quotidien ; et pour l’entreprise en capacité de résoudre certains problèmes internes grâce à l’intelligence collective. « A titre d’exemple, sur le département RH, ce genre de hackaton a permis de solutionner notre problématique d’organisation des entretiens annuels en une journée à peine. ». L’histoire ne dit pas si le bâtiment intelligent sera bientôt en mesure de réserver une table au restaurant le plus proche en cas d’entretien annuel réussi. Mais s’il y a bien une chose à retenir de Vivatech 2017, c’est que le champ des possibles est infini pour qui veut croire et innover.