Le 30 septembre, une communauté de professionnelles passionnées s’est réunie à l’occasion du premier dîner-conférence de l’année de Women of Influence. J’ai eu la chance d’y être invitée pour prononcer le discours d’ouverture et partager avec elles quelques histoires de dirigeantes.
J’ai toujours trouvé utile et intéressant d’écouter les expériences des autres. Mon discours portait sur la direction à l’ère numérique, et les questions qui s’ensuivirent ont été très pertinentes et invitaient à prolonger la réflexion. J’ai d’abord voulu, dans une brève introduction, partager mes points de vue sur ce qu’est une chef de file.
L’ère numérique est une époque fondatrice, complexe et enthousiasmante où les changements s’opèrent rapidement. Je pense qu’elle représente une formidable occasion pour les femmes : notre temps est venu.
S’il n’y a pas vraiment de manuel, il y a pourtant quatre caractéristiques importantes qui, je le crois, définissent une dirigeante :
Premièrement, il faut former une équipe très performante.
Deuxièmement, il faut la capacité à anticiper le marché en regardant au-delà de la ligne d’horizon.
Troisièmement, nous devons communiquer clairement et ouvertement.
Quatrièmement, nous devons avoir le courage d’agir.
J’ai de nombreuses histoires pour illustrer chacun de ces critères, mais j’aimerais en partager une qui concerne le courage d’agir et qui, je le crois, constitue le point le plus important.
Le courage d’agir est réellement ce qui différencie les meilleurs dirigeants des autres. Certaines personnes proposent d’agir, mais cela reste au stade des mots la plupart du temps. Les grandes chefs de file osent être différentes, et nous connaissons tous des histoires formidables les concernant. Nelson Mandela est quelqu’un de très admiré et était un véritable héros pour moi… mais je ne suis pas Nelson Mandela. J’ai besoin de trouver ma propre manière de faire arriver les choses pour mon entreprise, mes clients, mon équipe et les actionnaires.
J’ai travaillé plusieurs années au Moyen-Orient, principalement à Dubaï, mais j’exerçais aussi une partie de mes responsabilités en Arabie Saoudite. J’avais entendu des histoires sur cette culture, mais, étant curieuse, je voulais le voir par moi-même. Je m’achetais donc une abaya avant d’obtenir un visa et de m’envoler pour Riyad.
Aussi prévenue que je l’étais, rien ne pouvait me préparer à la réalité de la vie des femmes saoudiennes. J’ai dû faire face à de nombreux défis, y compris celui de devoir travailler dans des bureaux uniquement réservés aux femmes : nous n’y étions d’ailleurs que deux.
Je suis rapidement allée visiter la magnifique Princess Norh University où plus de 60 000 femmes pouvaient étudier. Et j’ai pensé à toutes ces femmes très instruites qui ne pouvaient travailler nulle part. Donc, à ma petite échelle, j’ai décidé de faire ce que je pouvais.
J’ai d’abord pris contact avec les réseaux féminins du pays pour découvrir ce qu’il était possible de faire. J’ai rencontré de vraies femmes d’influence, les princesses de ce pays. Je ne pouvais entrer en contact avec le roi ou les princes, mais je pouvais parler avec leurs femmes!
J’ai organisé des événements pour mettre en relation des personnes qui partageaient les mêmes idées, et des centaines de femmes y ont participé. Ces événements se déroulaient dans des salles spéciales afin qu’elles puissent ôter leur abaya, si elles le souhaitaient.
Cisco proposait à l’étranger un programme de formation réservé aux femmes appelé « Jump to the university » qui avait pour objectif d’accroître la confiance des femmes en elles. Nous avons ainsi instauré un règlement dans l’entreprise imposant d’engager plus de femmes. Nous pouvions agir en tant que modèle auprès des autres entreprises internationales et diversifier notre équipe.
Aujourd’hui, nous avons une communauté féminine très active dans nos bureaux en Arabie Saoudite qui compte 17 femmes aux dernières nouvelles!
Cela peut paraître un changement bénin à certain, et à d’autres un exemple extrême. Mais c’est la même chose pour n’importe quel rôle et dans n’importe quel pays : avoir le courage d’agir a un impact, et, à l’ère numérique, c’est plus important que jamais.
Les grandes chefs de file osent être différentes et prendre des risques. Ayez le courage de vous jeter dans l’arène, ne faites pas qu’en parler, agissez, même s’il s’agit de petites choses.