En automne, le brouillard atténue la visibilité sur les routes. Pourtant Kai Hui, CTO de Bitstew, acteur du smartgrid affirmait que « le brouillard donne de la visibilité » (Cisco Live Milan, 26 janvier 2015, lors des keynotes IOT). Un beau débat pour cet article…
Peut-on être plus clairvoyant et plus pertinent grace à des services d’analyse à proximité du capteur ? Doit-on tout confier au Cloud lorsque les exigences terrain nécessitent des décisions rapides? Est-ce vraiment judicieux d’envoyer toutes les données captées vers le datalake? Prendra-t-on le risque de se noyer dans un lac de données sans fond ou aura-t-on la force (et les moyens financiers) de surnager dans un data-foutoir à ciel ouvert? Quelle alternative?
Le Fog Computing, watzaat?
Selon Cisco, le fog computing désigne la capacité de traitement à la périphérie du réseau. Il s’agit en pratique d’héberger du logiciel-tiers dans les systèmes déployés au plus proches du terrain ; par exemple dans des routeurs durcis installés dans les armoires techniques de rue, dans la mémoire de caméras ou dans des automates.
Le Fog, opposé ou complémentaire au Cloud ?
En permettant de distribuer l’intelligence dans les rues de votre agglomération, le fog computing réoriente la sempiternelle bascule du pendulier du mode centralisé (tous les services dans le cloud) vers un mode distribué, proche du terrain.
Plus qu’un choix entre cloud et fog, il s’agit surtout d’un rééquilibrage entre ces deux tendances ; le fog vise des services de proximité, en temps réel, et contribue à la résilience. Le cloud supporte de grands volumes de données et permet des services innovants basés sur des analyses de données de manière asynchrone. C’est l’endroit par nature où viennent se nourrir l’hyperviseur global et le tableau de bord du maire.
L’analytique embarquée dans les routeurs durcis installés dans les armoires techniques de rue permet de dé-bruiter les données crées par des milliers de capteurs-métier dans la métropole ou sur le territoire. Cela allège d’autant le volume de données à transférer vers le cloud… et réduit de fait les couts de stockage, de gestion et d’analyse de ces données IoT à croissance exponentielle.
Améliorer la résilience de l’architecture de services est également un apport apprécié du Fog. Le traitement local permet la poursuite des opérations en cas de coupure des transmissions vers le cloud. Les données adressées au cloud seront resynchronisées lorsque le service de communication sera rétabli.
C’est l’une des raisons qui a conduit ATOS à repenser en 2014 son logiciel ATOS WorldGrid sur le modèle de fog computing mis en œuvre par Cisco. Les sous-stations électriques que ATOS équipe bénéficient d’outils d’analyse hébergés dans la mémoire du routeur smartgrid Cisco pour permettre un équilibrage local de l’énergie présente dans le segment smartgrid. Cette version moderne des systèmes SCADA permet une télégestion logicielle qui réduit fortement les besoins d’intervention sur site.
Le fog, vaporeux ou réel ?
L’annonce par IBM du support de Watson (analyse prédictive) en Fog Computing sur des routeurs Cisco démontre la pertinence du modèle technique et l’intérêt d’une analyse distribuée pour des activités industrielles sécurisées et efficaces. La disponibilité de services Fog SAP HANA sur les mêmes matériels Cisco répond aux besoins d’entreprises réparties en multi-sites et permet d’utiliser toutes les ressources d’une solution efficace en mode local, pour se prémunir de liens WAN sujets à questionnement (trop faible bande passante, interruption de service…).
En permettant avec IOX d’héberger des logiciels tiers dans un routeur Cisco, les offreurs de services ou les exploitants des villes connectent aussi leurs propres équipements. C’est ce qu’a réalisé Bruitparif dans le cadre du pilote Place de la Nation.
C’est aussi ce qui a permis à Actility de connecter ses antennes dans un routeur Cisco, étendant ainsi une gamme de communication déjà bien fournie : Ethernet, Cuivre et Fibre, CPL, 3G/4G, WiFi… et donc LORA! Le déploiement de couverture nationale LORA par Orange s’appuie sur cette solution et démotre la solidité de cette implémentation Fog Computing.
Cisco IOX, notre implémentation du Fog Computing
Cisco participe aux cotès de grands noms de l’informatique à une alliance ouverte baptisée OpenFog pour accélerer la prise en compte de ce potentiel.
Cisco implémente déjà le Fog Computing dans sa gamme de produits IoT System sous la dénomination IOX, qui complète IOS (le système d’exploitation des matériels Cisco) par une structure d’hébergement de logiciels tiers pour le BYOA.
Vous vous souvenez du Bring-Your-Own-Device (BYOD)?
Il s’agissait de sécuriser l’arrivée des terminaux personnels dans l’entreprise. Ce sont à présent vos applications internes qui pourront être hébergées dans les matériels Cisco : c’est ce que l’on entend par Bring-Your-Own-Application (BYOA).
Cisco propose 3 modes d’implémentation, qui permettront aux développeurs d’exécuter rapidement des codes existants à peu de frais de portage ou de redévelopper leur code sur la machine LINUX mise à leur disposition par IOX.
Différents routeurs Cisco (Catalyst 819, 809, C829, IE4000…) supportent IOX et proposent des performances de processing et de mémoire adaptées aux besoins applicatifs.
L’internet des objets visant les grands nombres, le Fog Director que propose Cisco met à disposition des outils d’administration pour déployer aisément les applications s’appuyant sur IOX et de gérer leur cycle de vie (gestion des correctifs, apports fonctionnels des nouvelles versions…).
Le Fog Director facilite ainsi le déploiement/redéploiement d’applicatifs au rythme des évolutions logicielles. Il permet de gérer près de 5000 nœuds, ce qui semble répondre aux attentes des principaux besoins d’analyse distribuée dans de nombreux domaines métiers (eau, énergie, équipements urbains…).
Le Fog au service d’une métropole efficace et résiliente
Alors que le brouillard se répand dans la ville, le Fog Computing redistribue les cartes et propose une nouvelle articulation Terrain / Cloud.
En rapprochant les capacités de traitement à la source des données, à proximité des capteurs et à la périphérie du réseau, le Fog Computing offre à la ville et à ses opérateurs un nouveau paradigme architectural à la mesure des enjeux de l’IOT (nombre de capteurs déployés, volumes de données générées, couts et capacités de traitement analytique…).
Ce nouveau maillage de capacités de traitement en local devrait nous conduire à rafraichir l’abréviation “NRA” pour désigner les Nœuds de Raccordement Applicatif.
Pour plus d’informations
Articles Fog Computing sur notre blog Opérateurs
Articles Fog et Cloud sur notre blog Datacenter
Articles Fog sur notre blog Réseaux
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