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[Symposium 2017 – #5] La production média fait sa transformation vers l’IP


12 May 2017


Article sponsorisé – Auteur: Pierre Guyot,  rédacteur, Usbek & Rica
Le symposium « Recherche et Innovation des Réseaux de Nouvelle Génération » Cisco – École Polytechnique 2017

Révolutionnaire, disruptive, incrémentale… : l’innovation a mille et une façons d’intervenir. Problème : il n’y a pas de recette toute faite. Reste, alors, à étudier les conditions de son émergence et à observer par exemple, qu’elle naît souvent de l’existence de ressources suffisamment peu chères et présentes en abondance… Un exemple ? La distribution de contenus vidéo en OTT (« over-the-top », par contournement des opérateurs, notamment câbles et satellites, traditionnels) et les Netflix, Hulu « and co » ont fini par émerger en utilisant en unicast une bande passante disponible et ce à moindre coût. Et, avec l’IPv6, avec le potentiel de l’intelligence artificielle générale sur les réseaux, la production, la distribution et la consommation de médias de demain sont peut-être aussi inimaginables aujourd’hui que l’OTT l’était il y a moins de quinze ans.

Le sens de cette introduction, que l’on doit à Guillaume de Saint-Marc, senior director de Cisco et co-fondateur du PIRL : alors que les applications de production média sont en train de moins en moins reposer sur les machines physiques historiques de l’industrie média et TV et que, pour et avec celles-ci, la création de contenu de demain est en train d’être inventée, il faut déjà penser à après-demain.

La production IP « end-to-end » : une opportunité identifiée

Cela fait ainsi déjà deux ans que Mark Hilton, VP Networking Solutions de l’équipementier vidéo Grass Valley, présente à ses partenaires une slide « “pourquoi aller sur les technologies IP ?”, c’est-à-dire : quel est le problème avec mon SDI ?” ». À mesure que la chaîne de production télévisuelle et vidéo, et ce dès la sortie caméra et les cars régie, fait les preuves de sa capacité à se virtualiser pour s’intégrer sur les réseaux IP, les craintes commencent à se dissiper : le nouveau « studio IP », et même le « studio tout-IP », ont la voie libre. Dès 2015, Grass Valley a fait la démonstration d’un IP « de l’écran à l’écran » (« glass-to-glass ») : depuis l’écran de la caméra (production live) et via une station de broadcast assimilée à un data center (processing, switching, monitoring en IP, autour d’une architecture distribuée) jusqu’à l’écran de diffusion (le « playout »). Une task force Glass to Glass Internet Ecosystem (GGIE) a de fait été créée au sein du W3C, l’organisation de standardisation du Web, dès 2015. Comme l’a souligné Glenn Deen, directeur technologique de NBC Universal, alors que fin 2014 on évoquait un « mur du scaling » infranchissable pour la création et distribution de contenus numériques, le streaming vidéo à grande échelle sur le réseau est aujourd’hui considéré comme quelque chose de « faisable ». L’IPv6 et le l’information-centric network restent à être exploités pour l’industrie du contenu.

La virtualisation, une idée bientôt réalisée 

Les professionnels de la production média mettent le cap sur la virtualisation. Le tout-virtuel achoppe sur le playout, qui requiert encore une unité de traitement vidéo ou un GPU, mais, pour Canal+ par exemple, cette mutation s’opère « aussi rapidement que nos fournisseurs IT avancent ».

 Chez le fournisseur de solutions IT ChyronHego, qui fait sa mue pour devenir un fournisseur de workflow pour une production live end-to-end, on considère que l’industrie du broadcast est encore très traditionnelle, et que la virtualisation est en train d’impacter et de modifier les façons de travailler de tout un secteur : c’est au fond rien de moins que le plus grand basculement technologique de son histoire. Le chemin est long (une dizaine d’années peut-être), mais la transition est en cours : les infrastructures virtuelles et génériques remplacent des hardwares jusqu’ici sur-mesure, l’intégration logicielle se substitue aux logiques d’interconnexion physique et les créateurs de contenu mettent les spécialistes de ces nouvelles technologies à la barre de la chaîne de production.

La newsroom virtualisée, plus économique, moins volumineuse, plus agile, est « une idée en train d’être réalisée ». ChyronHego continue à innover en s’entourant de partenaires technologiques : avec Cisco, la société a notamment proposé la preuve de concept, lors du dernier IBC, le principal salon européen de la diffusion TV, d’un mélangeur qui, au cœur d’un environnement virtualisé, permet de faire tourner des layers virtuels supplémentaires sans besoin d’infrastructure additionnelle.

« L’industrie du broadcast est à un tournant décisif, la technologie va complètement basculer »Interview vidéo de Sören Kjellin, Chief Technology Officer de ChyronHego

Produire tout, partout

Dans ce marché de niche qui souhaite attirer un IT performant tout autant que tirer parti des possibilités informatiques et computationnelles des nouvelles infrastructures, le principal avantage du passage à l’IP réside dans l’obtention d’une architecture flexible, « scalable » même, qui permette aux entreprises qui l’adoptent de se montrer agiles et de se tourner rapidement vers de nouvelles opportunités business. Avec l’IP, par exemple, qu’importe le format utilisé : on peut facilement orienter son flux de production vers, au hasard, la 4K.

Mais si l’opportunité semble aujourd’hui bien comprise, les challenges techniques pour atteindre le niveau de performance requis pour l’industrie du broadcast demeurent, et sont progressivement adressés. Mark Hilton note en particulier que l’adoption du modèle data center a été ralenti par plusieurs facteurs, dont des demandes élevées en bande-passante et l’exigeante latence requise par les applications fonctionnant en temps réel. Dans cette capacité à fournir une infrastructure IP agile, « Cisco est un partenaire de premier plan pour que nous réussissions à atteindre les niveaux de performance requis par l’industrie », note en particulier Mark Hilton, évoquant l’architecture Leaf-Spine de ces nouveaux « edge data centers » qui succèdent à une structure en strates plus hiérarchisées, offrant une scalabilité linéaire (on accroit la bande passante et on crée de nouveaux chemins réseaux en ajoutant des commutateurs) et s’intégrant nativement à tous types de réseaux overlay. Et Cisco, comme l’ont évoqué Peter Bosch et André Surcouf, deux ingénieurs du groupe, cherche à ouvrir de nouvelles brèches : il s’agit notamment de bâtir une architecture orchestrable, distribuée et pensée pour les applications stockées et gérées via conteneurs, comme le montre leur travail préparé en vue du show annuel de la National Association of Broadcasters (NAB) américaine.

En France, le groupe Canal+ met progressivement sur pied un centre de production média reposant sur un réseau IP. Dans des studios de Boulogne s’affirmant comme l’étendard de sa maison-mère Vivendi dans l’industrie des contenus européenne, Canal+ poursuit trois objectifs : trouver une solution sûre ; s’équiper en anticipant les évolutions futures (SDI est peut-être une solution moins coûteuse pour un seul centre de production HD, mais pas pour l’ensemble des sites d’un groupe, et sûrement pas lorsqu’il faudra évoluer vers la 4K et l’UHD) ; éviter l’accumulation de « control rooms » et pouvoir produire « tout, partout », y compris à distance depuis un centre unique. Résultat : si le passage au tout-IP dépend encore de la qualité de la commutation et du basculement du réseau audio (mixage), aujourd’hui, les opérations en HD représentent, avec l’IP, 3 térabits par seconde chaque minute de chaque jour… Et comme le suggère Cédric Guiard, directeur général d’Eisko, société qui produit, en 3D, des doubles numériques pour l’industrie de l’entertainment, demain, la création de contenus numériques connaîtra d’autres évolutions radicales et poussera sur le devant de la scène de nouveaux défis pour les architectures. Les contenus 3D, les effets spéciaux en CGI : des contenus basiques à produire demain ?

 

Téléchargez les présentations des intervenants de cette session.

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus sur  la transformation de la production média vers l’IP, regardez l’intervention de Sören Kjelling:

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