Circularité: accélératrice sous exploitée de la transition énergétique ? (Première partie)
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Le débat autour du changement climatique oscille encore entre posture et caricature, ralentissant notre efficacité. A l’heure où le monde vient de connaître des semaines de juillet les plus chaudes jamais enregistrées, notre perception générale est que les avancées mondiales restent encore limitées. Cet enjeu mérite mieux. Un principal sujet d’étonnement est la place prépondérante faite à la transition vers les énergies renouvelables. Bien qu’évidemment obligatoires, elles ne représentent pourtant que la moitié du problème. La Fondation Ellen Macarthur le martèle depuis des années : le passage aux énergies renouvelables ne permettrait de réduire que 55 % des émissions mondiales. Pour atteindre l’objectif de zéro émission nette, nous devons également changer nos modes de fabrication et de consommation. La circularité contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre qui ne peuvent être réduites par la seule transition vers les énergies renouvelables.
En Europe, pionnière sur les sujets environnementaux, le sujet de la circularité a pris de l’ampleur en marge des récentes législations en matière de droit à la réparation, consacrant l’impact positif de la réparation sur l’environnement. Dans le sillage de ce nouveau “Right To Repair”, Darty, la Maif, et même Renault s’y sont mis : quelques mois ont suffi pour que fleurissent campagnes publicitaires prônant les avantages (et les services) de réparation, en mettant l’accent sur l’achat de produits d’occasion et reconditionnés. Dans les rayons informatiques de la Fnac, indice de réparabilité et prix trônent, à égalité, en tête des informations sur les écrans d’ordinateurs. Élément central de la circularité, la réparation peut ralentir l’utilisation des ressources et le flux de matériaux, et, en conséquence, entraîner une diminution des émissions de gaz à effet de serre comme des déchets.
Une problématique seule pour le grand public ? Évidemment que non. La directive européenne sur l’écoconception de 2009 et ses actes d’exécution relatifs « aux serveurs et aux produits de stockage de données » de 2019 ont pour ambition d’harmoniser les exigences en matière de consommation d’énergie et d’efficacité́ des ressources des data centers de l’Union. Aux États-Unis, les data centers sont parmi les bâtiments les plus gourmands en énergie, consommant 10 à 50 fois plus d’énergie par étage qu’un immeuble de bureaux commercial classique selon l’équivalent américain du Ministère de la Transition énergétique. Politiques et acteurs technologiques ont-ils ainsi réussi à améliorer la performance environnementale de ces infrastructures clés ?
Data Centers, ou la révolution d’un monstre énergivore
Retour en 2009. Cette année-là, nous lancions notre premier serveur UCS. En écho aux préoccupations grandissantes, notre conception tenait déjà compte des critères de durabilité, et la consommation d’énergie faisait partie intégrante de nos préoccupations. Vingt-cinq ans plus tard, nous franchissons une nouvelle étape grâce au dernier né de notre gamme de serveur: UCS X-Series. Du fait de son approche modulaire, notre plateforme de serveurs se veut plus économe en énergie tout au long de sa durée de vie opérationnelle. Selon les estimations internes de notre Cisco Lab, si votre plateforme de serveurs date d’il y a deux générations, la mise à niveau vers la gamme UCS X-Series permettrait de réduire le nombre de serveurs physiques à déployer jusqu’à 66 % et de réduire sa consommation d’énergie jusqu’à 31%. A titre d’exemple, la puissance de traitement de l’UCS X-Series peut servir jusqu’à deux fois plus de sessions de bureau virtuel standard et près de huit fois plus d’utilisateurs GPU sur le même serveur que trois générations auparavant. Il y a quelques semaines, la gamme Cisco UCS X-Series a reçu le SEAL Sustainable Product Award 2023. Cette distinction récompense les produits innovants « spécialement conçus » pour un avenir durable.
L’amélioration des performances environnementales des data centers se concentrait initialement sur leur consommation énergétique. Dorénavant, les indices de durabilité́ et de réparabilité font partie prenante de critères d’éco-conception, avec comme objectif le prolongement de la durée de vie des serveurs ou la facilitation de leur remise à neuf et de leur ré-emploi, en respect des principes de protection de la vie privée et des données à caractère personnel. Selon la Commission Européenne, ces nouvelles exigences d’écoconception auraient pour effet de générer d’ici à 2030, des économies d’énergie annuelles directes d’environ 2,4 TWh et des économies d’énergie annuelles liées à l’infrastructure générale de 3,7 TWh, soit une correspondance de 2,1 million de tonnes d’équivalent CO2.
Attachés à cette nouvelle définition de l’éco-conception, nous nous sommes engagés à, non seulement, améliorer l’efficacité énergétique et la consommation de nos nouveaux serveurs UCS X-Series, mais nous avons également mis l’accent sur la notion de circularité en cherchant à maximiser autant que possible leur durée de vie utile, ainsi que de faciliter leur réutilisation et leur recyclage. Donner une seconde vie à nos équipements permet d’économiser de l’énergie sur nos nouvelles fabrications et de réduire nos déchets.
De manière générale, notre engagement s’étend sur tout le cycle de vie des produits que nous concevons et fabriquons, tel que déclaré il y a déjà cinq ans lors de la signature de la plateforme pour l’accélération de l’économie circulaire (PACE) à Davos, cristallisant une promesse d’atteindre 100% de retour produit, par :
- La garantie, le remplacement et la réparation complète de nos produits afin de prolonger leur durée de vie utile et de minimiser leur obsolescence,
- Le ramassage et le transport sur demande de nos produits gratuitement chez nos clients pour réduire les déchets,
- La réutilisation des produits, composants et matières premières retournés, et la priorisation de nouveaux designs circulaires,
- La proposition de nouveaux modèles commerciaux alternatifs favorisant le retour des produits
Tout semble donc en place pour une chaîne plus vertueuse, où des serveurs énergétiquement moins gourmands remplaceront l’ancienne génération, elle-même retournée grossir l’inventaire de produits remanufacturés, dont l’utilisation croissante diminuera l’impact carbone des productions futures.
Rien n’est moins sûr …
A suivre : IT Circulaire : nécessaire, mais pas tout de suite ?
IT Circulaire : nécessaire, mais pas tout de suite ? (Seconde partie)