Le numérique arrive avec son lot de promesses, il peut être source d’espoir pour bon nombre de personnes en situation de handicap, encore faut-il penser à leur faciliter l’accès aux sites internet qui sont encore inaccessibles pour beaucoup d’entre eux.
Il y a quelques temps j’ai découvert que John Chambers, chairman de Cisco, était dyslexique. Dans un article de presse il expliquait que pour compenser ce handicap il avait dû apprendre d’autres manières pour atteindre plus rapidement les mêmes objectifs. Plus proche de nous Sylvain Nivard, non voyant, montre qu’il est possible de dépasser son handicap en devenant maire de Méry-sur-Cher après avoir fait sa carrière chez IBM.
De belles réussites qui ne doivent pas masquer la souffrance de tous ceux dont le handicap reste un frein pour vivre dans notre société moderne.
Numérique : des évolutions technologiques porteuses d’espoir
Le numérique est sans doute une chance à saisir pour faciliter la vie des personnes à handicap. Encore dernièrement le Défi Cisco a récompensé un projet de canne connectée pour non-voyants (lire Une canne blanche connectée, lauréate du Défi Cisco) qui devrait leur faciliter la vie. Mais le grand défi est sans doute le droit à pouvoir s’exprimer, à pouvoir communiquer avec les autres. Il ne faudrait pas que le numérique se transforme en course d’obstacles pour les handicapés.
Les évolutions dans les domaines comme la synthèse vocale, la commande vocale ou oculaire et la dictée vocale permettent à des non-voyants, mais également à des personnes souffrant de dyslexie ou de praxie (difficulté de coordonner ses mouvements), de dépasser leur handicap pour utiliser les ordinateurs. On mesure difficilement les conséquences d’un handicap quand on n’y est pas soi-même confronté. J’ai appris dernièrement par exemple que la dyslexie était plus pénalisante pour la langue française ou anglaise alors que des enfants utilisant des langues dites « transparentes » comme l’italien ou l’espagnol lisent quasiment sans erreur.
Les nouvelles technologies possèdent des vertus utiles pour certains handicaps. L’usage de la tablette par exemple peut faciliter la lecture pour les enfants dyslexiques. Le fait d’avoir sur l’écran moins de mots sur chaque ligne permet à l’enfant de se concentrer sur chacun d’eux.
Les smarphones et les tablettes en offrant la mobilité, de la puissance de calcul importante , des technologies de reconnaissance et des applications de traduction instantanée ouvrent des opportunités pleines intéressantes.
Mais soyons bien conscients que les possibilités de ces bijoux de technologies doivent être accessibles à tous. Par exemple une personne souffrant de praxie éprouvera d’énormes difficultés à utiliser un écran tactile où les mouvements de doigts que nous faisons sans réfléchir sont autant d’épreuves insurmontables pour elle.
Dyslexie : Le cas particulier des troubles non visibles.
Dans certains cas nous n’avons pas conscience de la cause de certaines difficultés que nous rencontrons et avons pris l’habitude de les esquiver. Ainsi de nombreuses personnes dyslexiques ont choisi les métiers techniques et numériques où ils peuvent exprimer leur talent de logique ou d’innovation.
Toutefois dans certaines tâches, telles que faire un rapport, rédiger un message sans erreurs d’orthographe, etc… ils peuvent être entravés au quotidien ou pour accéder à des responsabilités de management.
Le numérique peut aider à dépasser ces entraves, mais compte tenu des différents types de dyslexie il est délicat de trouver seul les bons outils. Des spécialistes du numérique bénévoles peuvent alors être de bon conseil, vous pouvez les consulter ici : info@numeridys.com
L’accessibilité : le véritable enjeu du numérique
Internet est devenu incontournable et de nombreuses démarches administratives peuvent se faire aujourd’hui sur internet. Le développement du commerce électronique et des usages numériques au sens large renforce le côté de plus en plus incontournable d’internet. L’inventeur du World Wide Web, Tim Berners-Lee, a affirmé que “La puissance du Web est dans son universalité. Y accéder quel que soit son handicap est un point essentiel.”
Pour éviter une nouvelle forme de discrimination avec Internet et le numérique l’accessibilité doit être pensée à tous les niveaux. Pour mesurer la difficulté, Imaginez-vous quelque instant devant votre ordinateur les yeux fermés ou dans l’incapacité d’utiliser un clavier ou un écran tactile !!
De réelles améliorations sont apparues grâce à la législation américaine et la «Web Accessibility Initiative». Certains pays comme s’en sont inspirés et la France dispose d’un « Référentiel Général d’Accessibilité des Administrations » mais beaucoup de progrès restent à accomplir, en particulier pour les sites web des entreprises.
Ces documents contiennent des règles et des recommandations pour rendre les contenus Web plus accessibles à une plus grande variété de personnes en situation de handicap (non-voyants, malentendants, les personnes ayant des troubles d’apprentissage, des limitations cognitives, des limitations motrices, des limitations de la parole, de la photosensibilité etc.)
Ses règles demandent à ce qu’un site soit :
- perceptible : équivalents textuels à tout contenu.
- utilisable : éléments d’orientation pour naviguer, trouver le contenu et se situer dans le site.
- compréhensible contenu textuel lisible et compréhensible. Apparition et fonctionnement des pages de manière prévisible.
- robuste compatibilité avec les agents utilisateurs actuels et futurs, y compris avec les technologies d’assistance.
Des règles encore trop peu prises en compte sur la majorité des sites internet en partie par méconnaissance du problème.
Une « expérience utilisateur augmentée » aussi pour la personne en situation de handicap.
Machine learning, Big Data, Objets communicants, expérience utilisateur, autant de termes utilisés abondamment quand on parle de transformation numérique. Des termes qui contiennent en eux beaucoup de messages d’espoir et qui permettent de rêver d’une expérience utilisateur augmentée ou l’utilisateur pourrait être une personne en situation de handicap qui verrait son univers améliorée.
Une des attentes majeures est la sociabilité facilitée par les technologies numériques qui sont un médiateur mais pour que cela marche c’est à chacun d’entre nous d’être ouverts à la différence !
Merci à Philippe Rosado d’avoir attiré mon attention sur ce sujet.
1 commentaires
Bonjour,
Au-delà des aspects techniques que vous évoquez avec raison, ce public (ainsi que les éducateurs) a besoin d’un accompagnement aux usages du numérique. Je ne doute pas que nous puissions oeuvrer de concert dans l’intérêt de tous et en particulier des publics éloignés.
Cordialement,
Loïc GERVAIS
http://mediateurnumerique.org/2015/01/28/mediation-numerique-et-handicap-mental/