Marseille, Capitale Européenne de la Culture et Ville Numérique sur la Place de la Toile
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A l’occasion du lancement de Marseille Capitale Européenne de la Culture, l’émission de France Culture Place de la Toile s’intéressait le 12 janvier 2013 à « Marseille Ville Numérique ».
3 personnalités locales nous faisaient découvrir leur territoire sous l’angle du numérique :
– Jean-Marie Angi, DSI de la Ville de Marseille
– Martine Sousse, Directrice de la Boate, un lieu de co-working intégré au réseau des Cantines
– Jean Cristofol, Philosophe-Enseignant à l’Ecole des Beaux-Arts de Marseille.
Le débat abordait les questions des infrastructures numériques, de l’impulsion des acteurs publics et de la co-création par les citoyens…
Vous pouvez rejouer cette émission en podcast ou en découvrir ici ma propre synthèse.
Les infrastructures d’une ville-port numérique
La question de « Marseille Port Numérique » permet à Jean-Marie Angi de rappeler que le vieux port qui a vu tant d’échanges méditerranéens depuis 2600 ans est devenu également un port de télécommunications : « C’est à Marseille qu’arrivent la plupart des grands câbles opérateurs qui traversent les océans et qui font de Marseille la porte de l’Europe. Nous sommes un hub de télécommunications pour relayer l’information à travers toute l’Europe .»
Jean Cristofol, interpellé sur les notions d’imaginaire et d’aventures rattachées traditionnellement aux ports maritimes, fait immédiatement le lien entre les services et les infrastructures : « Un port numérique, ça crée de l’avenir. »
La couverture du territoire marseillais en technologies est abordée, Jean-Marie Angi rappelant que « ce qui intéresse les Marseillais, c’est d’avoir des communications performantes, mobiles et d’être bien couverts. » Malgré la rocaille et l’étalement urbain, 98% de Marseille serait couverts en 2 Mb/s, dont 44% en FTTH (progression de +30% en deux ans).
« Il y a une collaboration très proactive entre les opérateurs et la Ville de Marseille, pour utiliser au mieux l’espace public, une fois pour tout le monde. Il n’est pas question de re-trouer sans cesse les rues et lorsqu’un opérateur passe, les autres passent aussi et nous avec. ».
Un couplet qui rappelle avec une pointe d’accent méridional le refrain classique cher à la Manche : « Travaux égale fourreaux ».
La ville par les acteurs publics et les citoyens
« Le mieux vivre ensemble et le numérique sont représentés par un élu commun qui veut couvrir l’ensemble des quartiers de Marseille, Monsieur Daniel Sperling. La vision est à la fois politique et numérique », évoque Jean-Marie Angi.
« Oui mais », semblent répondre les deux autres intervenants qui insistent sur le fait que les habitants sont devenus des acteurs de leurs besoins et que les quartiers de Marseille ne pourront se satisfaire d’une solution pensée pour eux et proposée uniformément à l’ensemble des quartiers et de leurs habitants.
Les formes d’appropriation par les jeunes et les communautés d’usages se développent tellement qu’elles sont à présent centrales dans la culture des jeunes générations. En conséquence, Martine Sousse assure qu’en matière d’opendata, « l’appétit des créateurs d’application est immense. Ils ne se posent plus la question de la mobilité. ». Le franchissement des limites territoriales et la forme et la continuité des données libérées restent un sujet, pour l’ensemble des acteurs du territoire. De même, « La ville se développe autour de pôles d’innovations, comme Marseille Innovation ou le pôle Euromed, qui changent les modes de développement économique et la gouvernance.»
Si la ville peut se concevoir comme une superposition de couches (des câbles, de la mobilité, des données numériques…), la ville numérique n’efface pas les autres formes de la ville ; c’est une dimension augmentée qui offre de nouveaux potentiels et permet de nouvelles pratiques.
Penser différemment les rouages de la ville
La manière d’appréhender la ville est à repenser, selon Jean Cristofol : « On est face à une rupture profonde (…), une évolution culturelle relative à la manière de percevoir le rapport à l’espace et au temps. Nous avons construit une représentation d’un espace unifié, continu et relativement homogène et nous sommes en train de sortir de cet espace-là ; nous rentrons à présent dans un espace feuilleté, qui comporte des spatio-temporalités différentes. Ce qui devient de plus en plus important, ce n’est pas tant les points à l’intérieur de cet espace que les zones d’articulation des différentes couches à l’intérieur de l’espace. Ce qui devient sensible, ce sont les lieux de pouvoir et de création, les lieux qui articulent ces espace-temps, et qui ont des durées et des vitesses différentes. »
En conclusion, Jean-Marie Angi affirme que le numérique réduit les déplacements contraints et facilite ainsi la vie du citoyen : « Il y a un mariage entre le mieux vivre et le numérique. Et le numérique doit apporter un mieux vivre à Marseille. »
Vous pouvez podcaster cette émission de 35 minutes sur le site de France Culture.