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L’état des infrastructures au Canada, un entretien avec Kadie Ward


29 May 2013


Ce mois-ci, Kadie Ward de l’organisme Build Strong Cities est en tournée dans tout le Canada dans le cadre de la Conférence de la Fédération canadienne des municipalités (FCM) à Vancouver dans le but d’informer les gens sur les infrastructures en technologie de l’information et des communications et de les sensibiliser de leur importance pour les municipalités.

J’ai rencontré Mme Ward pour en savoir plus sur son périple, les enjeux auxquels le Canada doit répondre et ce qu’elle espère apprendre en chemin.

Rick Huijbregts : Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de votre tournée de Build Strong Cities dans tout le Canada?
Kadie Ward, Build Strong Cities : Récemment, la Fédération canadienne des municipalités a mobilisé plus de 20 000 dirigeants du monde municipaux pour faire valoir les besoins des investissements en infrastructure au Canada.  Leurs initiatives se sont terminées avec le budget fédéral 2013, mais je souhaite poursuivre le dialogue avec les décideurs du monde municipal dans tout le pays.

RH : Quels sont les principaux enjeux sur le plan des infrastructures du Canada? Ces enjeux risquent-ils de limiter la productivité, l’innovation et par conséquent le développement économique du Canada?
KW : j’estime que les infrastructures de « connectivité » constituent notre plus grand déficit.  Il s’agit des réseaux routiers et ferroviaires qui assure la circulation des marchandises, des services et des personnes, mais aussi des infrastructures des technologies de l’information et des communications (TIC) qui connectent les idées et soutiennent la plupart des activités de notre économie.

Les déficits dans ces deux types d’infrastructures limitent absolument la productivité du Canada. Les embouteillages à eux seuls génèrent des coûts annuels de 4,6 milliards $ et le manque de technologies de communication dans un grand nombre de régions éloignées du Canada empêche leur développement économique. Les déficits de ces deux secteurs sont reliés : les investissements dans les TIC nous permettraient de mieux gérer les réseaux routiers et ferroviaires, de prévoir les embouteillages et d’y remédier afin de favoriser la prospérité dans les régions rurales et éloignées du Canada.

RH : Quelles sont les autres villes où vous ferez escale avant d’arriver dans l’ouest? Vous attendez-vous à voir des différences sur le plan urbain, rural et géographique entre les régions de l’est, du centre et de l’ouest?
KW : Nous passerons par 67 municipalités au cours de notre tournée. Nos principales escales sont Halifax, Toronto, Winnipeg, Edmonton, Jasper et Vancouver. À mesure que nous passons d’est en ouest, je m’attends à voir une manifestation évidente du clivage entre le monde urbain et rural canadien, mais aussi des enjeux de connectivité dans les régions rurales du Canada. Par exemple, VIA Rail nous a déjà prévenus que l’accès WiFi ou même la transmission de données par cellulaire n’étaient pas possibles pour une bonne partie du voyage. À ce titre, je prévois revenir de cette tournée avec une meilleure compréhension de ce que veut dire être « déconnecté » au Canada et des conséquences de ce manque de connexions sur notre croissance économique.

RH : Pour en revenir aux étapes de préparation de votre tournée, et je suis bien conscient que vous n’en êtes qu’au tout début de votre tournée, quels sont vos objectifs et qu’espérez-vous voir comme retombées pour ce projet?
KW : Le but de cette tournée est de poursuivre les discussions portant sur les infrastructures au Canada. La proportion de notre réseau routier qui doit être réparé est de 53 %, plus de 80 000 ponts sont en train de se dégrader, les investissements dans les transports subissent des coupes dans tout le pays. Et en plus, de nombreuses régions de notre pays n’ont pas encore accès à des services Internet fiables.  

Les assises de notre pays reposent sur la notion que l’Est et l’Ouest devaient être reliées entre elles. La construction du chemin de fer au XIXe siècle a scellé l’entente de la confédération et pourtant les liens de connexion entre les régions pourraient être encore plus nombreux. Le XXIe siècle offre une nouvelle plateforme de connexion de notre vaste pays c.-à-d. la fibre optique et doit être pris en compte dans notre dialogue pour planifier la prospérité future.

RH : Au cours de votre carrière, avez-vous remarqué si les technologies de l’information et des communications étaient vues comme des infrastructures essentielles? Si ce n’est pas le cas, pourquoi pensez-vous que les TIC n’ont pas été mises dans la liste des priorités des budgets et des plans?
KW : Selon moi, les gens ne comprennent pas vraiment ce que sont les infrastructures en TIC .  La plupart voient ces choses comme si elles étaient éphémères. Pourtant, les câbles de fibre optique sont déployés au fond des océans ou sont enfouis au même titre que les lignes de transmission hydroélectrique, les conduites d’égout et toutes les autres formes d’infrastructures physiques. Et comme nous allons de l’avant avec la réfection des infrastructures ou la construction de nouvelles infrastructures pour des municipalités canadiennes, les liens de connexion devraient être vus beaucoup plus comme un service public et devraient figurer sur la liste des priorités de planification.

RH : Chez Cisco nous voyons la sphère d’influence pour que les marchés évoluent et se transforment comme provenant des résidents, des entreprises, des dirigeants politiques et des milieux universitaires. Quels seraient, selon vous, les rôles que devraient jouer ces groupes de pression dans le développement des infrastructures?
KW : C’est une façon polie de dire aux gouvernements de se rallier au programme. Il est vrai que la collaboration entre des entreprises privées innovatrices, les instituts de recherche et les gouvernements est une méthode efficace de faire évoluer les choses.

Toutefois, la mobilisation des citoyens est à mon avis la principale priorité. Les décisions relatives à planification et aux infrastructures déterminent notre mode de vie de tous les jours. À ce titre, ceux qui sont susceptibles de voir leur mode de vie changer doivent faire partie intégrante du processus de transformation. Afin de mobiliser les citoyens, les résidents ont besoin de mieux comprendre les incidences que les infrastructures ont dans leur vie de tous les jours. Notre mission est de sensibiliser, de mobiliser et de planifier en fonction des besoins des collectivités que nous servons.  

Je tiens à remercier Kadie Ward d’avoir réservé ce mois-ci du temps sur son agenda chargé pour discuter avec moi de sa tournée, des TIC et de la jonction entre la technologie et les infrastructures au Canada.

Vous pouvez suivre le périple de Kadie Ward sur le site web buildstrongcities.com, sur Twitter à #BSCRide et @strongcities et sur le canal YouTube de Build Strong Cities.

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