Ma première expérience avec les médias sociaux remontent déjà aux années septante. J’ai eu le grand bonheur non seulement d’avoir vécu mai 68, mais également d’avoir pu approcher de grands provocateurs comme Jaap Kruithof, philosophe et grand agitateur, et Etienne Vermeersch. Autant de personnalités qui ont pimenté la cité d’Artevelde !
C’est aussi l’époque où l’on trouvait encore les bruine kroegen, ces bistrots aux boiseries patinées par des génération de fumeurs, à chaque coin de rue et où la variété flamande le disputait au rock : un peu de Zjef Vanuytsel ou une lampée de Frank Zappa ? Pas d’ordinateur de bord, mais une R4 avec un cardan brisé, pas de YouTube, mais des vinyles en 45 et en 33 tours.
L’immobilisme n’était pas une option. Nos pensées « révolutionnaires » devaient trouver un exutoire et devaient être entendues tous azimuts. C’est pourquoi nous avons planché sur un petit journal, forcément à contrecourant, où nous pouvions livrer nos avis tranchés. Internet ? Inconnu au bataillon. Tout comme twitter. Pas de PC non plus, mais une machine à écrire ; pas de touche retour mais du TippEx ; pas d’imprimante laser, mais du offset. Je m’étais nommé rédac’chef avec une véritable équipe de rédaction, y compris une secrétaire de rédaction. Que de nuits blanches…
Nous étions donc totalement immergés dans les médias sociaux, tant en termes de fond que de forme. Les thèmes étaient sociaux. Notre petit groupe était très orienté sur le social et notre mode de commercialisation l’était tout autant, puisque notre journal était vendu exclusivement dans des cafés. Je vous le disais : un média social avant la lettre.
L’e-mail n’existait pas, pas plus que les e-mails de haine. Par contre, beaucoup de commérages de comptoir et, ci et là quelques lettres de mécontentement, et, dans nos rangs, une belle montée d’adrénaline. Notre faillite a été assez rapide en raison de l’absence de publicité et de sponsors, mais notre liberté rédactionnelle était absolue. Nous en étions convaincus. C’était une époque en or.
J’ai immédiatement pensé à cet épisode quand Quadrant Communications m’a demandé de partager mon expérience en matière de médias sociaux au cours de son événement consacré aux médias sociaux pour les entreprises informatiques. (Voir la vidéo ci-dessous en néérlandais uniquement).
Aujourd’hui, quarante ans plus tard, je ne suis pas encore repenti et je me commets encore dans toutes sortes de médias sociaux, essentiellement inspirés par Cisco. Merci Cisco !
À la maison, j’ai encore quelques exemplaires de mon petit journal et la secrétaire de direction est encore à proximité, aussi de jour.
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