Soni Jiandani nous a récemment rendu visite à Diegem. Soni est un des quatre magiciens auxquels, au cours de ces vingt dernières années, notre CEO John Chambers a confié plusieurs fois de grosses sommes pour développer le prochain produit révolutionnaire. Ils ne se sont pas retrouvés à la tête des spin-offs, mais bien de « startups spin-in » que Cisco rachète ensuite. C’est un des piliers de notre stratégie d’investissement, parallèlement aux acquisitions et à l’innovation interne via R&D.
Les trois autres magiciens sont Mario Mazzola, Prem Jain et Luca Cafiero. Ils ont rejoint Cisco après la reprise de leur entreprise Crescendo Communications. Ce fut la première acquisition de Chambers comme CEO, la première d’une longue série. Crescendo Communications avait développé le commutateur de réseau alors que Cisco ne réalisait à l’époque que des routeurs. Soni, Mario, Prem et Luca ont ensuite replongé à plusieurs reprises dans le monde des startups sous la bannière de Cisco.
Lancement de serveurs et développement de la SDN grâce aux spin-ins
Soni Jiandani
Ensemble, ils ont créé en 2001 Andiamo Systems qui a permis à Cisco de fournir des réseaux de stockage convergés. Elle fut bientôt suivie par Nuova Systems (2006) pour entrer sur le marché des serveurs avec les systèmes de communications unifiées, et par Insieme Networks (2012). Celle-ci a poursuivi le développement de son infrastructure application centrique sur la base du concept de mise en réseau définie par logiciel (SDN ou Software-Defined Networking), une manière révolutionnaire de gérer les réseaux.
Le routage et la commutation génèrent encore la majorité de notre chiffre d’affaires. Nous avons enregistré une croissance de 11% au dernier trimestre. Une des raisons de cette performance est le succès du nuage et, par conséquent, de l’informatique en centre de données. Huit des dix plus grands fournisseurs mondiaux de solutions en nuage font appel à Cisco pour 80% du matériel réseau dans leurs centres de données. Avec ACI (Application Centric Infrastructure), Insieme devait relever un défi de taille : automatiser non seulement le réseau, mais aussi l’ensemble de l’infrastructure de centre de données.
« Les clients étaient demandeurs d’automatisation », a souligné Soni pendant la présentation qu’elle a consacrée à l’ACI. Celle-ci automatise l’ensemble de l’approvisionnement de l’infrastructure de centres de données en fonction des profils d’application. « À cet effet, nous avons dû développer plus avant la mise en réseau définie par logiciel traditionnelle, et même concevoir de nouveaux éléments matériels. »
Développement interne ou création d’une spin-in ?
Cisco aurait-elle pu développer l’ACI en interne ? Soni répond en ces termes : « Arrivé à ce carrefour décisif de votre principale branche d’activités, il faut avoir le courage d’innover, quitte à bousculer les habitudes, à innover de manière disruptive comme le disent les Anglo-saxons. À ce moment précis, vous avez besoin de la liberté et de la mentalité d’une startup. Peu importe l’angle sous lequel vous examinez la question, les règles de gouvernance d’une grande entreprise entravent toujours l’efflorescence de votre projet », estime Soni Jiandani.
« Pourtant, l’innovation est insuffisante à elle seule », poursuit-elle. « L’avantage d’une spin-in, du moins dans le cas de Cisco, réside dans le fait que vous pouvez compter sur une structure et des partenaires mondiaux pour l’assistance, le transport, le marketing, voire les ressources humaines. Soyons francs, il n’est pas possible d’innover dans sa tour d’ivoire. Au cours du développement de l’ACI, nous avons aussi fait appel aux ingénieurs de Cisco. L’ACI a exercé un impact considérable sur l’IT. Les ingénieurs sont dès lors légitimement fiers d’avoir pu participer à une telle aventure. »
Les spin-ins ont permis à Cisco de changer radicalement de cap à trois reprises. C’est ainsi que nous caracolons en tête depuis trente ans déjà. Notre message est simple : oser relever les défis liés à la disruption, à la rupture, et continuer à innover.
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