Les smart cities ou villes intelligentes comme San Francisco, Songdo ou Barcelone permettent d’ores et déjà de se faire une bonne idée de la réalité de l’Internet of everything. Sous nos latitudes, j’ai toutefois l’impression que ce terme est encore quelque peu occulte, et que nous intégrons encore trop peu d’informatique intelligente dans notre vie de tous les jours, exception faite de la domotique, des ordinateurs et des smartphones. C’est la raison pour laquelle nous devons encore patienter pour les apps phares ou vedettes, baptisées killer apps par les Anglo-Saxons, qui influenceront notre vie quotidienne.
L’histoire nous a déjà réservé un certain nombre d’applications de ce type qui, involontairement, étaient le point de départ d’une nouvelle industrie. Ainsi, à la fin des années septante, le jeu informatique japonais Space Invaders a été l’étincelle précédant l’avènement d’Atari. Il est donc le précurseur de la gigantesque industrie du jeu que l’on connaît aujourd’hui. Le même constat s’applique à VisiCalc, le premier tableur qui a transformé l’ordinateur en instrument professionnel.
Étant donné que l’Internet of everything relie tout et tout le monde, il est la porte ouverte à toute une série de killer apps dans différents secteurs, par exemple dans le cadre de l’informatique industrielle.
Les entreprises industrielles sont souvent aux prises avec des pics de consommation d’énergie parce que leurs systèmes pêchent par un manque d’intelligence et de communication réciproque. Autant d’éléments qui grèvent considérablement la facture. L’Internet of everything vous permet d’écrêter ces pics en formulant des prévisions plus précises à l’aide, entre autres, de capteurs intelligents, et en harmonisant la collaboration et le dialogue entre les machines (machine-2-machine). Une application qui détient l’intelligence nécessaire stabilisera les coûts énergiques et permettra d’économiser 20 à 30% du budget consacré à l’énergie. Compte tenu des montants astronomiques des factures des grandes industries, les montants en jeu sont considérables. Ces économies permettent de réduire les coûts de production et donc le prix client. On le voit, l’Internet of everything influence ainsi notre compétitivité, notre emploi et, partant, notre vie quotidienne.
Avec les smart cities, l’Internet of everything est moins conceptuel que nous le pensons. IDC estime que le marché mondial pèsera 8 900 milliards de dollars en 2020. Selon des spécialistes de l’intelligence artificielle comme Ray Kurzweil, le rythme d’innovations actuel représente un progrès de 20 000 années au 21e siècle, soit mille fois plus que le siècle précédent. Depuis l’Arpanet, en 1977, nous voulons relier les objets. L’Internet of Devices connecte aujourd’hui deux fois plus d’appareils que d’hommes. Cependant, cela ne fait que 1% des objets ! L’Internet of everything n’est pas perceptible, mais on peut se faire une bonne idée de son potentiel. Pour une killer app, par exemple.