J’ai participé aujourd’hui à un débat sur les digital natives, traduisez les natifs numériques. Dans la salle, il y en avait en tout et pour tout un seul, petite erreur de casting donc… Ma première expérience multimédia remonte à 1958 quand mes parents avaient acheté une télé : Bruxelles Français, Bruxelles Flamand, Lilles et… la mire…
Lors de mes études à Gand, j’ai suivi les cours d’informatique du Professeur Henri Muller: Fortran IV. En fait, c’était parfait pour des économistes. Ou mieux, le cours de statistiques du professeur Henri Picard. Trier des cartes mécanographiques de quatre-vingts colonnes avec des aiguilles à tricoter. Enfilez l’aiguille dans la colonne quatre et secouez le tout. Ce qui restait suffisait pour la sélection. Superbe époque !
Comme vous le voyez, ma jeunesse n’était pas vraiment numérique. J’ai dû m’y mettre chez Burroughs, car je devais effectivement y programmer en Assembler. Je connais encore les codes hexadécimaux par cœur, car il nous arrivait de coder immédiatement en langage machine. C’était bien nécessaire, croyez-moi, car nous ne disposions que de 8 kilooctets de mémoire. À l’époque, un disque double densité de 18,4 mégaoctets revenait à 820.000 francs. Je ne suis toutefois jamais devenu un grand programmeur. Fort heureusement, on a vu à temps quels talents je n’avais pas…
Chez HP, j’ai participé à l’introduction de la première LaserJet en Belgique : son prix : 300.000 francs ; sa vitesse, 8 ppm ; ses polices : Courier, Courier bold, Courier italic et Line printer light. Vint ensuite Autocad de Sausalito: je vois encore les débuts de l’importateur belge dans sa cuisine à Alost. Peu de temps après, déjà sa première Porsche. Les premiers portables de Compaq: près de 10 kilos et avec poignée.
Plus tard, j’ai eu la chance de participer au lancement de Mobistar. Nous devions revoir notre business plan tous les trois mois, car tout allait trois fois plus vite que prévu. Grâce à Mobistar, j’ai commencé à faire du vélo, car John Cordier avait eu la présence d’esprit de me mettre en contact avec la Loterie Nationale. Avant que je ne le comprenne, nous étions sponsor d’une équipe cycliste. J’ai conservé le vélo d’André Tchmil, sans blague ! Une époque merveilleuse !
J’ai quand même trouvé la cerise sur le gâteau chez Cisco. Tout numérique, tout IP, tout en réseau, rien que des digital natives. Comme ils sont nettement plus malins que moi dans ce monde numérique – tout numérique, tous des natifs, je leur demande chaque jour de me coacher dans ce merveilleux univers numérique. Ils m’ont même mis, et oui, au blog et au flip : merci !
À la maison, mes deux cadets sont mes meilleurs coaches numériques et l’aîné de mes petits-enfants est bien parti aussi. Vous l’aurez compris : je profite chaque jour de nos deux laptops, de mon Blackberry, de l’iPhone de ma femme, du grand Mac, de notre serveur Windows, du Macbook de ma fille, de mon Cisco VPN, WebEx, TelePresence. J’suis un papy numérique. Quelle belle époque !